Attention, chef-d'?uvre caustique, genre trop rare dans le cinéma français. En transposant dans le Sénégal de 1938 l'atmosphère poisseuse et illuminée des bayous de la série noire 1 275 âmes de Jim Thomson, Bertrand Tavernier et ses fidèles scénaristes Jean Aurenche et Pierre Bost donnent un sérieux coup de balai à un cinéma français souvent sage et timoré. Sur une musique de tango funèbre et entêtante signée Philippe Sarde, ils ont concocté avec un bonheur inégalé une véritable farce macabre et réjouissante, en dehors des modes et des genres consacrés, qui casse les poncifs, bouscule les traditions et refuse les idées reçues. Et toute l'interprétation est à l'avenant : jouissive ! En tête, Philippe Noiret, fausse mollesse, air abruti et dangereusement futé, dans le rôle de Lucien Cordier, un imbécile illuminé, dans l'une de ses plus grandes prestations. Et tous les personnages sont au diapason : Isabelle Huppert, réjouissante Rose, ingénue devenue garce perverse ; Stéphane Audran, truculente harpie conjugale, et Eddy Mitchell, son amant débile et libidineux. Sans oublier Guy Marchand, en petit chef tyrannique et sadique, Jean-Pierre Marielle dans un double rôle, et François Perrot en pantin militaire dépassé par les événements. Un modèle d'humour noir, d'audace et d'invention, entre tradition et nouveauté. --Sylvain Lefort
Video - Cassette vidéo
Homevision